terça-feira, 31 de outubro de 2017

Outono 2017


                                        LE CYCLE DES SAISONS

Las de s’être contractés tout l’hiver les arbres tout à coup se flattent d’être dupes. Ils ne peuvent plus y tenir : ils lâchent leurs paroles, un flot, un vomissement de vert. Ils tâchent d’aboutir à une feuillaison complète de paroles. Tant pis ! Cela s’ordonnera comme cela pourra ! Mais, en réalité, cela s’ordonne ! Aucune liberté dans la feuillaison… Ils lancent, du moins le croient-ils, n’importe quelles paroles, lancent des tiges pour y suspendre encore des paroles : nos troncs, pensent-ils, sont là pour tout assumer. Ils s’efforcent à se cacher, à se confondre les uns dans les autres. Ils croient pouvoir dire tout, recouvrir entièrement le monde de paroles variées : ils ne disent que « les arbres ». Incapables même de retenir les oiseaux qui repartent d’eux, alors qu’ils se réjouissaient d’avoir produit de si étranges fleurs. Toujours la même feuille, toujours le même mode de dépliement, et la même limite, toujours des feuilles symétriques à elles-mêmes, symétriquement suspendues ! Tente encore une feuille ! – La même ! Encore une autre ! La même ! Rien en somme ne saurait les arrêter que soudain cette remarque : « L’on ne sort pas des arbres par des moyens d’arbres. » Une nouvelle lassitude, et un nouveau retournement moral. « Laissons tout ça jaunir, et tomber. Vienne le taciturne état, le dépouillement, l’AUTOMNE. »


Francis PongeLe Parti pris des choses, 1942


sábado, 28 de outubro de 2017

Carta(s) / Lettre(s) de l'azur


          Sidi‐Madani, samedi 27 décembre 1947 (I).

[…] Les idées me demandent mon agrément, l’exigent et il m’est trop facile de le leur donner : ce don, cet accord ne me procure aucun plaisir, […] Les objets, les paysages, les événements, les personnes du monde extérieur […] emportent ma conviction. Du seul fait qu’ils n’en ont aucunement besoin. Leur présence, leur évidence concrètes, leur épaisseur, leur trois dimensions, leur côté palpable, indubitable, leur existence dont je suis beaucoup plus certain que la mienne propre, leur côté : « cela ne s’invente pas (mais se découvre) », […] tout cela est ma seule raison d’être, à
proprement parler mon prétexte ; et la variété des choses est en réalité
ce qui me construit. […] Et, si elle n’est que mon prétexte, ma raison d’être, […] ce ne sera, ce ne pourra être que par une certaine création de ma part à son propos.
Quelle création ? Le texte.
Et d’abord comment en en ai‐je idée, comment en ai‐je pu avoir idée, comment la conçois‐je ?
Par les oeuvres artistiques (littéraires).


 Francis Ponge, França, extraits de Le Grand Recueil, Méthodes, © Gallimard, 1961.




quarta-feira, 11 de outubro de 2017

Peixes ou textos?


Clarice Lispector,
 a senhora não devia
 ter-se esquecido
 de dar de comer aos peixes
 andar entretida
 a escrever um texto
 não é desculpa
 entre um peixe vivo
 e um texto
 escolhe-se sempre o peixe
 vão-se os textos
 fiquem os peixes
 como disse Santo António
 aos textos


Adília Lopes

segunda-feira, 9 de outubro de 2017

"Lágrimas na chuva"

Momentos antes de morrer,  Roy Batty, o chefe dos replicantes, disse a Deckard enquanto chovia:


I've seen things you people wouldn't believe. Attack ships on fire off the shoulder of Orion. I watched c-beams glitter in the dark near the Tannhäuser Gate. All those moments will be lost in time, like tears in rain. Time to die.

O que não disse, mas terá pensado 

                              e dançado movido por memórias implantadas


domingo, 8 de outubro de 2017

Dor do mundo




Haikú para Octavio Paz

Mi ser no cabe
en tus diecisiete sílabas
dolor del mundo


 Estefanía Angueyra, Colombia (1992)

sábado, 7 de outubro de 2017

Caçar


Com o corpo coberto por uma veste sem tecido e
 os pés calçados de pêlos de tartaruga,
 Com o meu arco de corno de lebre na mão,
 preparo-me para atirar sobre o demónio Ignorância.

Han Shan, China (séc. IX)




domingo, 1 de outubro de 2017

Vaso con agua

Siempre habrá alguien
corrigiendo o burlándose
de quienes dicen vaso de agua

Ellos, amantes de la lógica
nos prohíben el juego
de imaginar que el vaso

fue alguna vez un cilindro
que derritió su centro
para darnos de beber.

Estefanía Angueyra, Colombia (1992)