terça-feira, 10 de março de 2015

Sonnet IV

Sonnet  IV


Depuis qu'Amour cruel empoisonna
Premierement de son feu ma poitrine,
Tousjours brulay de sa fureur divine,
Qui un seul jour mon coeur n'abandonna.

Quelque travail, dont assez me donna,
Quelque menasse et procheine ruïne :
Quelque penser de mort qui tout termine,
De rien mon coeur ardent ne s'estonna.

Tant plus qu'Amour nous vient fort assaillir,
Plus il nous fait nos forces recueillir,
Et toujours frais en ses combats fait estre

Mais ce n'est pas qu'en rien nous favorise,
Cil qui les Dieus et les hommes mesprise :
Mais pour plus fort contre les fors paroitre.

 Louise Labé, França (v.1524-1566)
            (version originale)



Depuis qu'Amour cruel empoisonna
pour la première fois de son feu ma poitrine,
j'ai sans cesse brûlé de sa folie divine,
qui ne quitta pas un seul jour mon coeur.

Quel que soit le supplice, et il m'en fit subir beaucoup,
quelle que soit la menace et la ruine prochaine,
quelque pensée de la mort qui met fin à tout,
mon coeur ardent ne s'étonna de rien.

Plus Amour nous attaque avec force,
plus il nous fait rassembler nos forces ,
et nous fait être frais en ses combats ;

mais ce n'est pas qu'il nous aide en rien,
lui qui méprise les dieux et les hommes,
c'est qu'il veut paraître plus fort que les plus forts.


       ( «traduction» en français moderne)

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